Histoire
de la maison
Visiter la maison
L’association « Art, Culture et Foi » du diocèse de Paris propose des visites les samedis après-midi à 15h.
Une visite guidée par un séminariste des Carmes est possible. Pour cela, contactez-nous.
Vous pouvez d’ores et déjà découvrir cette grande histoire à travers les personnages-clés ci-dessous !
Une maison riche de 400 ans d’histoire
Le temps des Carmes :
1610-1792
En 1610, le roi Henri IV mourut. Sa femme Marie de Médicis devint alors régente. Elle s’installa au palais du Luxembourg. Pour ses courtisans, elle invita des frères carmes qui venaient d’être réformés en Espagne. Une quinzaine s’installa rue Vaugirard en face du jardin du palais du Luxembourg. Les moines construisirent alors le couvent occupé aujourd’hui par le séminaire.
Le 17 août 1792, les Carmes reçurent l’ordre de quitter leur couvent. On leur accorda un sursis jusqu’au premier octobre suivant, mais l’église leur fut interdite. Elle venait alors d’être transformée en prison.
La Révolution :
1792 – 1797
Escalier des martyrs.
En 1791, les révolutionnaires imposèrent aux prêtres de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Beaucoup refusèrent par fidélité à l’Eglise et se retrouvèrent alors hors-la-loi. A partir du 10 août 1792, on les arrêta pour les emprisonner. Paris comptait alors quelques prisons dont la chapelle des Carmes.
Le 2 septembre 1792, après un simulacre de procès, 200 prêtres de cette prison furent massacrés en quelques heures dans le jardin. Cet événement coïncida avec le début de la Terreur. Ils furent béatifiés en 1926. L’un d’entre eux, Salomon Leclercq, fut canonisé en 2016.
Après ces massacres, le couvent fut transformé en prison. Y résideront quelques figures célèbres parmi lesquelles Joséphine de Beauharnais et le comte de Soyécourt.
Le long XIXème :
1797-1919
Restauration de la vie religieuse
Camille de Soyécourt
Jeune fille bien née, Camille de Soyécourt discerna un appel à la vie religieuse. Mais, face à l’opposition de sa famille, elle dut attendre sa majorité pour entrer au Carmel.
Pendant la Révolution, le couvent des Carmes fut transformé en prison. Son père et sa sœur y furent détenus. Toute sa famille mourut en 1794. Avant même la fin de la Révolution, en 1797, elle rassembla les carmélites dispersées et, grâce à son important héritage, racheta le couvent pour que la vie religieuse reprenne.
Les sœurs carmélites prirent donc le relai des frères carmes !
En 1845, ne pouvant plus entretenir les bâtiments, elle céda le couvent à Monseigneur Affre, archevêque de Paris.
Il va y fonder l’École des hautes Etudes ecclésiastiques, embryon de l’Institut Catholique de Paris (ICP). Le couvent devient une maison pour des prêtres étudiant en Sorbonne. A la demande de Frédéric Ozanam, Mgr Affre se rendit sur les barricades pendant l’insurrection de 1848 pour tenter d’apaiser les conflits. Il y mourut d’une balle perdue.
A droite de l’autel de la Vierge, une plaque rappelle que son cœur repose dans la chapelle.
Le catholicisme social
Marié à Amélie Soulacroix, père d’une petite fille, Marie, Frédéric Ozanam fut avocat, docteur en droit et professeur en Sorbonne.
Enseignant brillant, engagé dans les débats sociaux de son époque, il insista sur le lien entre la foi et la recherche intellectuelle. A 20 ans, en 1833, il fondait la Société Saint-Vincent-de-Paul pour venir en aide aux plus pauvres. Puis deux ans plus tard il fondait les conférences de Carême de Notre-Dame de Paris pour l’éducation de la jeunesse. Vivant dans le 6ème arrondissement, il fréquentait beaucoup la chapelle des Carmes. Il mourut à seulement 40 ans.
Il est enterré dans la crypte de la chapelle. Jean Paul II le béatifia en 1997.
Avocat puis prêtre, brillant prédicateur, Henri-Dominique Lacordaire entra dans l’Ordre dominicain en 1839 et entreprit de le refonder en France dès 1843. En 1849, il s’installa avec une dizaine de frères dans les cellules de la maison. Frédéric Ozanam venait lui rendre visite régulièrement. Lacordaire était connu pour ses prédications aux conférences de Carême de Notre-Dame de Paris, créées par Ozanam.
Il prêcha notamment une retraite entre l’Avent 1849 et le Carême 1850 dans la chapelle des Carmes. La chapelle en garde la mémoire. Les dominicains quittèrent la maison en 1867.
La création de l’ICP autour de la maison
Après la chute du second empire en 1870, les lois anticléricales menacèrent les facultés de théologie catholique, notamment celle de la Sorbonne. En 1875, la maison accueillit les premiers cours de l’Institut Catholique de Paris, avant la construction du bâtiment donnant sur la rue d’Assas. L’ICP ouvrit sous la direction de Monseigneur d’Hulst.
Les lois anticléricales de 1885 fermèrent la faculté de théologie en Sorbonne. L’ICP ouvrit alors sa propre faculté de théologie.
Le séminaire depuis 1919
Entré en 1889 dans la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, Mgr Verdier fut professeur de philosophie et de théologie. En 1919, il fonda le Séminaire des Carmes pour faire face à l’augmentation des vocations après guerre.
Dix ans plus tard, il fut nommé archevêque de Paris et cardinal. Organisateur et administrateur remarqué, attentif à la justice sociale, il créa l’œuvre des Chantiers du Cardinal destinée à aider à la construction de nouvelles églises, notamment en banlieue parisienne. Cette œuvre existe encore.
Séminariste allemand, Franz Stock demanda à ses supérieurs de partir étudier en France dix ans seulement après la première guerre mondiale. Il fut formé pendant trois semestres au séminaire des Carmes (1928-1929).
Curé de la paroisse allemande de Paris et aumônier des prisons parisiennes pendant la deuxième guerre mondiale, il visitait sans relâche les Français condamnés à mort et les accompagnait jusqu’au bout. A la Libération, il refusa d’abandonner les soldats allemands qui ne pouvaient fuir. Il se constitua prisonnier volontaire pour former les séminaristes allemands prisonniers de guerre. Près de 600 prêtres furent formés par ses soins au « Séminaire des Barbelés » à Chartres.
Séminariste pour le diocèse de Paris, Christian de Chergé fit toutes ses études au Séminaire des Carmes (1956-1963).
Sentant un appel à la vie monastique, il entra à l’abbaye trappiste d’Aiguebelle avant d’aller à Tibhirine en Algérie où il tissa des liens de fraternité avec les habitants du pays, musulmans. Avec sa communauté, il refusa de quitter le pays pendant les années noires (1990). Enlevé avec six autres membres de sa communauté, il fut assassiné en 1996. Le pape François béatifia les martyrs d’Algérie en 2018.
Une chambre de la maison est dédiée à son souvenir.